Comment est-ce possible
Avant de le faire nous ne savions pas si c’était faisable et n’avions trouvé aucune info sur des personnes l’ayant fait. [1]
Un sol « perméable »
Le sol de notre terrasse est recouvert de dalles non jointives. Les liquides qui échapperaient du fut peuvent donc couler entre elles et ne salissent pas tout.
Si ce n’est pas possible chez vous, vous pouvez essayer de placer un grand bac de terre sous le fut. En plus, les liquides riches en nutriments vont enrichir la terre, que vous pourrez utiliser pour vos plantations. Dites-nous si ça fonctionne. [2]
Une faune préexistante
Il y avait déjà un bout de jardin quand nous avons acheté l’appartement. De nombreux invertébrés vivaient déjà dans les pots – que nous avons récupérés – ainsi qu’entre et sous les dalles.
Cependant, nous aurions pu lancer notre compostage en demandant à quelqu’un d’autre un peu de compost en cours d’élaboration, avec plein de petits habitants.
Une activité microbienne
C’est par hasard que nous avons découvert cela, et c’est le point qui nous a fait dire que c’était possible.
Les trous d’évacuation d’un bac récupéré s’étaient bouchés. Plein d’eau, il était trop lourd pour être basculé afin de libérer les trous, situés sous le pot. Pour tenter de l’assécher, j’ai enterré le bas d’un vieux T-shirt dans le bac, le haut retombant à l’extérieur du bac. [3]
Je ne sais plus si ça avait marché mais, trois semaines plus tard, la partie enterrée était complètement digérée ! Là, nous avons su que nous avions tout sur place (à part le fut) pour nous y lancer.
Pourquoi un fut et pas un silo, un tas ou du vermicompostage
Le fut et le tas sont adaptés à de gros volumes : grands jardins, compostages collectifs, etc. En plus, il y a trop de vent sur une terrasse pour un tas.
À l’inverse, un vermicompostage fonctionne pour de petites quantités, essentiellement pour les déchets de cuisine. Or nous avons beaucoup de déchets de jardin : potagères annuelles, tailles, feuilles mortes, etc.
Quels animaux vivent dans notre compost
Comme dit dans le sous-titre, nous avons très peu de lombrics. Pareil dans nos bacs, probablement parce que ce milieu ne leur convient pas bien.
En revanche, d’autres auxiliaires – dont voici les deux principaux – semblent faire le boulot.
Des cloportes
- Un cloporte commun
- Photo : « Armadillidium vulgare 001 », par Franco Folini, licence Creative commons by 2.5.
Les cloportes sont des crustacés terrestres. On les rencontre très souvent cachés sous les pierres. J’ignore quelle espèce nous avons mais il s’agit très probablement d’Armadillidium vulgare, le cloporte commun.
Ils se nourrissent de végétaux morts et participent ainsi à la dégradation des déchets en les fragmentant et en les digérant. [4]
Des limaces
Les limaces sont des gastéropodes ressemblant à des escargots sans coquille.
On les connait surtout comme ravageuses de plantations et sont souvent considérées comme l’un des plus gros ennemis des jardinier⋅ère⋅s. Nous avons eu de tels « monstres », qui dévoraient nos plantes, mais nous avons réussi par nous en débarrasser par lutte biologique. [5]
Celles qui restent, par contre, semblent uniquement se nourrir de plantes mortes. Nous en voyons souvent à d’autres endroits du jardin mais c’est dans le compost qu’elles sont les plus nombreuses : il y fait chaud, humide et il y a plein à manger.
Nous ignorons de que quelle espèce il s’agit mais nous l’aimons bien : elle digère nos déchets sans toucher à nos plantes vivantes. Si vous savez de quelle espèce il s’agit, n’hésitez pas à nous le faire savoir en commentaire. Brun clair, de 3 à 7 centimètres, elle se distingue par ses taches foncées formant notamment deux rayures le long du corps.
Mise en place
Ce n’est pas fondamentalement différent d’un fut classique de jardin.
Il ne reste qu’à mettre soit un ensemencement avec du compost en maturation venant de quelqu’un d’autre, soit la partie insuffisamment mure du compost qui vient d’être récolté.
Qu’y met-on ou non
On ne va pas vous faire la liste de ce qui est mis habituellement à composter mais plutôt des spécificités de chez nous.
Nous y mettons :
-
des cheveux (non teints), ongles (non vernis), poils de barbe (sans savon à raser), plumes (récupérées sur la terrasse), poils d’animaux (quand on en a la garde), os (restes de repas de corneilles, riches en phosphate), etc. Ces matières sont très riches en azote et fourniront donc un bon engrais. Attention cependant à couper les cheveux longs et à bien les répartir dans le fut (quitte à les mettre en plusieurs fois) : en tas, ils vont fermenter et dégager des odeurs de soufre.
Nous mettons en faible quantité :
- du pain et des restes de repas, à cause de la quantité de sel.
- des pépins d’avocat [6] : ça se dégrade mal. Cela dit, c’est joli quand on récolte le compost : on dirait du massepain orangé avec une fine couche de chocolat noir. Avant de les mettre à composter, il vaut mieux les couper en quatre (attention aux doigts !)
Nous ne mettons pas :
- des graines : notre compostage ne les détruit pas bien. Quand nous désherbons, nous faisons attention à couper les têtes de celles qui sont montées en graines. Nous avons suffisamment de mouron ou de pâturin pour ne pas en répandre encore plus avec notre compost.
- des coquilles d’œuf. Nous sommes maintenant végétalien⋅ne⋅s mais, avant, nous n’en mettions pas non plus. Elles ne sont pas compostées et l’eau de distribution – avec laquelle nous arrosons – étant très calcaire à Bruxelles, ça peut même être contreproductif : nos plantations risquent déjà l’excès de calcium.
Messages
20 janvier 2018, 14:34, par Paulou
Bonjour,
votre témoignage m’aide beaucoup ! Nous avons une terrasse, peut-être un peu plus petite que la vôtre, d’une taille approchante. Nous avions un lombricompost pendant deux ans, mais une canicule a eu raison de tous nos vers, et le lombricompost nous demandait une attention importante toute l’année. Nous avons alors à nouveau amené notre compost dans un compost collectif, mais éloigné de chez nous... Et voilà que votre témoignage me conforte dans l’idée que notre terrasse pourrait bien accueillir un compost plus "classique". Reste à trouver le bon emplacement pour la période chaude d’été, le plein soleil étant à proscrire.
Quelques questions : quid de l’aération , car je ne vois pas de trous ? comment faites-vous pour laisser mûrir le compost (pause, ou deuxième compost provisoire) ?
Merci pour ce partage qui m’encourage, et c’est tellement réconfortant !
Paulou
Clermont-Ferrand (France)
22 janvier 2018, 12:17, par Haricot
Bonjour, Paulou.
Merci pour le message : c’est précisément pour que notre témoignage serve à d’autres que nous avons voulu faire cet article. 🙂
Concernant l’aération, notre fût n’est pas étanche : il y a de l’aération par-dessous (entre autres grâce aux dalles et aux buches mises sous la bâche géotextile trouée), par-dessous (quand on l’ouvre pour l’alimenter) et par le côté (une trappe non visible sur les photos). Mais, surtout, nous utilisons une tige aératrice de temps à autre. Si le sol de votre terrasse est complètement plat, vous pouvez tester avec des planches, des dalles, ou une palette. Plus d’infos sur les fûts…
Pour le murissement, nous avons désormais un deuxième compost provisoire, fait à partir d’une poubelle que nous avons percée. Avant, nous faisions simplement une pause, quitte à parfois faire sécher certains déchets pour plus tard, ou à en mettre directement comme paillage dans nos bacs.
Autres possibilités : laisser murir dans des sacs (par exemple des sacs de terreau retournés, avec le côté noir à l’extérieur) ou terminer son murissement en automne-hiver directement en surface des bacs de culture.
Pour l’exposition, aïe ! c’est la quadrature du cercle. En Auvergne, vous avez certainement de plus grandes amplitudes thermiques que chez nous. L’exposition ensoleillée est pourtant conseillée pour accélérer la dégradation mais que faire lors des grosses chaleurs ?
Quelques pistes qui me viennent :
Bonne chance dans vos démarches.
Haricot.