Haricot Princesse

Une terrasse-jardin à Bruxelles

Le compostage sur une terrasse, c’est possible

Même (quasi) sans vers de terre

21 mai 2017 —

Nous avons installé un fut de compostage, hors sol, qui fonctionne !

Nous ne verrons pas ici en détail les techniques de compostages, suffisamment de sites donnent des ressources utiles. Nous nous concentrons sur notre expérience.

 Comment est-ce possible

Avant de le faire nous ne savions pas si c’était faisable et n’avions trouvé aucune info sur des personnes l’ayant fait. [1]

 Un sol « perméable »

Des dalles espacées

Le sol de notre terrasse est recouvert de dalles non jointives. Les liquides qui échapperaient du fut peuvent donc couler entre elles et ne salissent pas tout.

Si ce n’est pas possible chez vous, vous pouvez essayer de placer un grand bac de terre sous le fut. En plus, les liquides riches en nutriments vont enrichir la terre, que vous pourrez utiliser pour vos plantations. Dites-nous si ça fonctionne. [2]

 Une faune préexistante

Un écosystème déjà bien installé

Il y avait déjà un bout de jardin quand nous avons acheté l’appartement. De nombreux invertébrés vivaient déjà dans les pots – que nous avons récupérés – ainsi qu’entre et sous les dalles.

Cependant, nous aurions pu lancer notre compostage en demandant à quelqu’un d’autre un peu de compost en cours d’élaboration, avec plein de petits habitants.

 Une activité microbienne

C’est par hasard que nous avons découvert cela, et c’est le point qui nous a fait dire que c’était possible.

Les trous d’évacuation d’un bac récupéré s’étaient bouchés. Plein d’eau, il était trop lourd pour être basculé afin de libérer les trous, situés sous le pot. Pour tenter de l’assécher, j’ai enterré le bas d’un vieux T-shirt dans le bac, le haut retombant à l’extérieur du bac. [3]

Je ne sais plus si ça avait marché mais, trois semaines plus tard, la partie enterrée était complètement digérée ! Là, nous avons su que nous avions tout sur place (à part le fut) pour nous y lancer.

 Pourquoi un fut et pas un silo, un tas ou du vermicompostage

Le fut et le tas sont adaptés à de gros volumes : grands jardins, compostages collectifs, etc. En plus, il y a trop de vent sur une terrasse pour un tas.

À l’inverse, un vermicompostage fonctionne pour de petites quantités, essentiellement pour les déchets de cuisine. Or nous avons beaucoup de déchets de jardin : potagères annuelles, tailles, feuilles mortes, etc.

 Quels animaux vivent dans notre compost

Comme dit dans le sous-titre, nous avons très peu de lombrics. Pareil dans nos bacs, probablement parce que ce milieu ne leur convient pas bien.

En revanche, d’autres auxiliaires – dont voici les deux principaux – semblent faire le boulot.

 Des cloportes

Un cloporte commun
Photo : « Armadillidium vulgare 001 », par Franco Folini, licence Creative commons by 2.5.

Les cloportes sont des crustacés terrestres. On les rencontre très souvent cachés sous les pierres. J’ignore quelle espèce nous avons mais il s’agit très probablement d’Armadillidium vulgare, le cloporte commun.

Ils se nourrissent de végétaux morts et participent ainsi à la dégradation des déchets en les fragmentant et en les digérant. [4]

 Des limaces

Les limaces sont des gastéropodes ressemblant à des escargots sans coquille.

On les connait surtout comme ravageuses de plantations et sont souvent considérées comme l’un des plus gros ennemis des jardinier⋅ère⋅s. Nous avons eu de tels « monstres », qui dévoraient nos plantes, mais nous avons réussi par nous en débarrasser par lutte biologique. [5]

Celles qui restent, par contre, semblent uniquement se nourrir de plantes mortes. Nous en voyons souvent à d’autres endroits du jardin mais c’est dans le compost qu’elles sont les plus nombreuses : il y fait chaud, humide et il y a plein à manger.

Nous ignorons de que quelle espèce il s’agit mais nous l’aimons bien : elle digère nos déchets sans toucher à nos plantes vivantes. Si vous savez de quelle espèce il s’agit, n’hésitez pas à nous le faire savoir en commentaire. Brun clair, de 3 à 7 centimètres, elle se distingue par ses taches foncées formant notamment deux rayures le long du corps.

Une limace détritivore
Une idée du nom de l’espèce ?

 Mise en place

Ce n’est pas fondamentalement différent d’un fut classique de jardin.

Quelques buches ou pierres
Pour laisser un espace entre la bache et le sol.
Une bache géotextile
Avec quelques trous pour laisser les bêtes passer entre le fut et les dalles.
Des branchages dans le fond du fut
Hey ! Mets-en plus que ça.
Et voilà !
Avec des pierres pour que ça ne s’envole pas.

Il ne reste qu’à mettre soit un ensemencement avec du compost en maturation venant de quelqu’un d’autre, soit la partie insuffisamment mure du compost qui vient d’être récolté.

 Qu’y met-on ou non

On ne va pas vous faire la liste de ce qui est mis habituellement à composter mais plutôt des spécificités de chez nous.

Nous y mettons :

  • Un invité
    Dont des poils sont allé au compost.

    des cheveux (non teints), ongles (non vernis), poils de barbe (sans savon à raser), plumes (récupérées sur la terrasse), poils d’animaux (quand on en a la garde), os (restes de repas de corneilles, riches en phosphate), etc. Ces matières sont très riches en azote et fourniront donc un bon engrais. Attention cependant à couper les cheveux longs et à bien les répartir dans le fut (quitte à les mettre en plusieurs fois) : en tas, ils vont fermenter et dégager des odeurs de soufre.

Nous mettons en faible quantité :

  • du pain et des restes de repas, à cause de la quantité de sel.
  • des pépins d’avocat [6] : ça se dégrade mal. Cela dit, c’est joli quand on récolte le compost : on dirait du massepain orangé avec une fine couche de chocolat noir. Avant de les mettre à composter, il vaut mieux les couper en quatre (attention aux doigts !)

Nous ne mettons pas :

  • des graines : notre compostage ne les détruit pas bien. Quand nous désherbons, nous faisons attention à couper les têtes de celles qui sont montées en graines. Nous avons suffisamment de mouron ou de pâturin pour ne pas en répandre encore plus avec notre compost.
  • des coquilles d’œuf. Nous sommes maintenant végétalien⋅ne⋅s mais, avant, nous n’en mettions pas non plus. Elles ne sont pas compostées et l’eau de distribution – avec laquelle nous arrosons – étant très calcaire à Bruxelles, ça peut même être contreproductif : nos plantations risquent déjà l’excès de calcium.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas, nous serons ravi⋅e⋅s d’y répondre.

P.S. Nous avons fini par récupérer de petits vers de terre dans le compost de quelqu’un d’autre. Ils ont l’air de se plaire dans notre fut mais nous ne savons pas s’ils aident plus que les habitants déjà présents. Peut-être qu’ils accélèrent quand même la décomposition. À voir…


[1C’est d’ailleurs pour ça que nous lâchons ce témoignage dans les Interwebs.

[2Nous essayerons d’ailleurs peut-être cette technique après la prochaine récolte de compost mûr.

[3Mon idée était de, par capillarité, augmenter l’écoulement et l’évaporation.

[4Oui, le compost, c’est surtout du caca de bestioles, remangé plusieurs fois par d’autres.

[5On vous en parlera une autre fois…

[6Oui, l’avocat est un baie à un seul pépin, ce n’est pas un noyau.

Messages

  • Bonjour,
    votre témoignage m’aide beaucoup ! Nous avons une terrasse, peut-être un peu plus petite que la vôtre, d’une taille approchante. Nous avions un lombricompost pendant deux ans, mais une canicule a eu raison de tous nos vers, et le lombricompost nous demandait une attention importante toute l’année. Nous avons alors à nouveau amené notre compost dans un compost collectif, mais éloigné de chez nous... Et voilà que votre témoignage me conforte dans l’idée que notre terrasse pourrait bien accueillir un compost plus "classique". Reste à trouver le bon emplacement pour la période chaude d’été, le plein soleil étant à proscrire.
    Quelques questions : quid de l’aération , car je ne vois pas de trous ? comment faites-vous pour laisser mûrir le compost (pause, ou deuxième compost provisoire) ?
    Merci pour ce partage qui m’encourage, et c’est tellement réconfortant !
    Paulou
    Clermont-Ferrand (France)

    • Bonjour, Paulou.

      Merci pour le message : c’est précisément pour que notre témoignage serve à d’autres que nous avons voulu faire cet article. 🙂

      Concernant l’aération, notre fût n’est pas étanche : il y a de l’aération par-dessous (entre autres grâce aux dalles et aux buches mises sous la bâche géotextile trouée), par-dessous (quand on l’ouvre pour l’alimenter) et par le côté (une trappe non visible sur les photos). Mais, surtout, nous utilisons une tige aératrice de temps à autre. Si le sol de votre terrasse est complètement plat, vous pouvez tester avec des planches, des dalles, ou une palette. Plus d’infos sur les fûts…

      Pour le murissement, nous avons désormais un deuxième compost provisoire, fait à partir d’une poubelle que nous avons percée. Avant, nous faisions simplement une pause, quitte à parfois faire sécher certains déchets pour plus tard, ou à en mettre directement comme paillage dans nos bacs.

      Autres possibilités : laisser murir dans des sacs (par exemple des sacs de terreau retournés, avec le côté noir à l’extérieur) ou terminer son murissement en automne-hiver directement en surface des bacs de culture.

      Pour l’exposition, aïe ! c’est la quadrature du cercle. En Auvergne, vous avez certainement de plus grandes amplitudes thermiques que chez nous. L’exposition ensoleillée est pourtant conseillée pour accélérer la dégradation mais que faire lors des grosses chaleurs ?

      Quelques pistes qui me viennent :

      • Installer le fût derrière de hautes plantes. Ce pourrait même être une plante grimpante à feuillage caduc : elle bloque le soleil en été et le laisse passer en hiver.
      • Placer une « simple » protection solaire lors de fortes chaleurs : canisse, drap tendu, etc. Attention cependant au vent !
      • Ou, peut-être même, une couverture de survie avec la face argentée à l’extérieur. Elle pourra même être mise dans l’autre sens en hiver 😉. Je ne garantis en rien du succès de cette solution mais il semble que certaines personnes utilisent cela pour leur lombricompost.

      Bonne chance dans vos démarches.

      Haricot.

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