Haricot Princesse

Une terrasse-jardin à Bruxelles

Prinzessinnengärten, un jardin urbain à Berlin

26 mai 2017 —

Avec un nom pareil, il m’a semblé évident qu’il soit le premier que j’aborde dans cette section.

Nous avons visité le Prinzessinnengärten (« Jardin des princesses ») fin mai 2014, à l’occasion d’un citytrip à Berlin, cadeau de Haricot pour mes 30 ans. Nous y sommes allé⋅e⋅s en matinée et on était (quasi) les seul⋅e⋅s sur place. En arrivant, c’est déjà super étonnant de découvrir un endroit si calme, si paisible, si joli au cœur d’un quartier hétérogène d’immeubles (de construction récente et rapide), de parkings, de friches industrielles et le long d’une route à circulation dense. Une très agréable surprise, surtout pour les amoureux de jardinage que nous sommes. Nous y avons flâné un petit temps, d’abord pour profiter de l’ambiance générale qu’offre le lieu et puis pour observer plus en détail les nombreuses plantes (plus de 500 espèces différentes), les systèmes d’irrigation, le type de contenants, etc.

Tout d’abord, un petit peu d’histoire du lieu…

Le Prinzessinnengärten a vu le jour en 2009 dans le quartier du Kreuzberg près de la Moritzplatz – qui n’est pas une place mais un rond-point. L’association Nomadisch Grün loue une friche de 6000 m2 – terrain laissé à l’abandon depuis la seconde guerre mondiale – propriété de la ville de Berlin. C’est un projet collectif en autogestion et d’initiative citoyenne.

Tout d’abord, iels ont procédé au nettoyage de cette friche : plus de 2 tonnes d’ordures y ont été retirées. Et puis commence la mise en place du projet par la plantation dans des contenants de récupération. Par la suite, en 2011, y ouvre un café/bar, un atelier de réparation de vélos, le placement de ruches, un marché aux puces… Le Prinzessinnengärten ne se veut pas un projet de production de légumes pour la production et ne s’inscrit pas dans une logique de rentabilisation à tout prix. Mais il est bien dans une logique de convivialité (lieu de rencontre entre habitants), d’éducation et de sensibilisation à ce qu’est la production alimentaire responsable sans pesticides et engrais minéraux et de synthèse.

En 2012, le projet est menacé et une pétition récoltant 30 000 signatures permet d’obtenir un contrat d’occupation (toujours précaire) jusque fin 2018. Cette précarité explique le choix, dès le début, de contenants facilement déplaçables et de constructions démontables, dans le cas où le jardin serait expulsé.

Ce qui nous a marqué⋅e⋅s et bluffé⋅e⋅s durant notre visite

Mise à part l’ambiance calme et sereine qui se dégage du lieu, on a été bluffé⋅e⋅s / amusé⋅e⋅s / étonné⋅e⋅s / enthousiasmé⋅e⋅s par l’originalité et l’ingénieuserie [1] des techniques de plantation mises en place.

Tout d’abord la variété des contenants de récupération. Explications en photos : ça vaut mieux qu’un long discours.

Culture de pommes de terre dans des sacs de riz
Diverses plantations dans des caisses à pain
Semis dans des briques de lait
Germoir de pommes de terre dans carton d’œufs et mini-serres dans boites de plastique de récup’

Et puis d’autres techniques originales également en photos.

Espèce de structure, comprenant une semi-serre avec ficelles pour tuteurer les tomates
Système de récupération d’eau de pluie combiné à un arrosage (semi-)automatique qui alimente plusieurs bacs. Je pense que c’est ce qui nous a le plus bluffé⋅e.
Structure en tuyaux comprenant des plantations

Ce que ce type de projet m’inspire comme réflexions

Il m’en inspire plusieurs :

  • la place de la production alimentaire en ville
  • la question de la précarité de ce type de projet
  • la question sur le fait que de simples citoyen⋅ne⋅s proposent et mettent en place de super projets et le fait que les pouvoirs publics devront peut-être un peu plus y trouver une inspiration sans pour autant qu’il y ait récupération.

Selon moi, la ville n’est pas un lieu de production alimentaire, la ville regroupe déjà un nombre très important de fonctions sur un espace restreint et on ne peut pas lui demander d’assumer encore plus de fonctions. Mais cette réflexion fera probablement l’objet d’un article à part entière. Par contre la qualité du projet du Prinzessinnengärten est lié au fait que la productivité n’est pas au centre de sa philosophie. Il s’agit surtout d’offrir aux citoyen⋅ne⋅s un endroit de création de lien entre eux mais également de lien avec la « nature » / la « terre » et de lien de reconnexion avec ce qu’il y a dans leurs assiettes. Et, selon moi, ce genre de projets a tout a fait sa place en ville et est porteur de sens.

J’aime beaucoup l’idée d’occuper de manière temporaire des terrains encore non construits mais à priori destinés à être bâtis à « plus ou moins moyen terme ». C’est le genre d’initiatives qu’on voit fleurir dans toutes les villes depuis plusieurs années (10 à 20 ans et ça dépend des villes, Berlin est plutôt avant-gardiste en la matière mais a aussi toute une culture d’occupation organisée de squats). Je suis d’habitude plutôt partisane à maintenir l’aspect précaire et de permettre par la suite la construction de bâtiments d’utilité à tous publics (logement, infrastructures publiques, etc.) mais sans être pour autant favorable à la spéculation immobilière à laquelle on assiste actuellement dans beaucoup (toutes ?) les villes. Cependant, vu la qualité et la diversité du projet du Prinzessinnengärten, j’aurais tendance à penser qu’il faudrait pérenniser ce projet et qu’il serait fort dommage qu’il disparaisse un jour, surtout si c’est pour y mettre un immeuble de qualité architecturale médiocre comme il y en a déjà dans le quartier.

Ce projet est inspirant à plusieurs égards. Déjà sur la force positive de citoyen⋅ne⋅s choisissant de s’unir pour proposer un endroit alternatif à ce qui se fait habituellement en terme de conception d’espaces verts et publics pour tous. Et il soulève la question sur une plus grande concertation des citoyen⋅ne⋅s lors de projet d’aménagement d’espaces publics (et, même, une plus grande concertation citoyenne sur beaucoup de choses). Parce que, l’air de rien, iels ont quand même de bonnes idées.


Informations pratiques

Prinzenstraße 35-38 / Prinzesinnenstraße 15
10969 Berlin
Allemagne
prinzessinnengarten.net

Métro : ligne U8, station Moritzplatz.

Voir sur Openstreetmap…

GPS : 52.50331 13.410851
qrcode:


[1Mélange d’ingéniosité et d’ingénieurerie. Oui, j’invente des mots !

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